Pâris Bertrand, la quatrième banque cette année à Genève à céder le contrôle
La vente de l’établissement au français Rothschild & Co intervient après notamment des transactions qui ont concerné Landolt, Reyl ou encore Profil de Gestion.
La consolidation au sein des banques genevoises discutée depuis des années s’est révélée particulièrement forte en 2020. L’intérêt pour cette place financière est très vif au sein des filiales d’établissements étrangers. Le groupe Rothschild & Co a annoncé mercredi acquérir ainsi la banque genevoise Pâris Bertrand. Sa filiale Rothschild & Co Bank (qui est distinct du groupe Edmond de Rothschild), qui opère actuellement surtout depuis Zurich, renforcera sa présence sur le pôle genevois.
«Nos équipes et les Associés de la banque restent en place et continueront à apporter la meilleure qualité de services et de conseil possible avec des moyens renforcés», précise par écrit Pierre Pâris, co-fondateur de la Banque Pâris Bertrand créée en 2009. Le troisième fondateur, Eric Sturdza, actionnaire de la première heure, avait cédé ses parts en été 2018, principalement à Investcorp Europe basé à Bahreïn.
Réflexion stratégique à long terme
Selon Pierre Pâris, la cession à Rothschild & Co est le fruit d’une «réflexion stratégique à long terme, en accord avec nos actionnaires, en toute sérénité, alors que la banque connaît une nouvelle année record en matière d’actifs gérés, à 6,5 milliards. Cette vente prolonge et amplifie le développement de la Banque Pâris Bertrand.»
Une série de cessions en 2020
Rappelons qu’au début de l’année, le groupe Syz avait cédé son entité Oyster dédiée à la gestion d’actifs à IM Global Partners, dans le cadre d’un partenariat collaboratif. Entre juillet et octobre, la banque Landolt & Cie et le groupe Oddo BHF avaient finalisé leur alliance. Il permet au groupe franco-allemand de compléter ses activités de banque privée en renforçant sa présence sur un troisième marché européen. Le mois dernier, ONE Swiss Bank et Banque Profil de Gestion (filiale de Banca Profilo) avaient communiqué leur fusion prévue pour le premier trimestre 2021. En même temps, ONE Swiss Bank avait annoncé la reprise des relations clients de Falcon Private Bank. Il y a encore eu l’italien Intesa Sanpaolo qui a pris la majorité de Reyl & Cie. Sa présence sur le marché suisse avec Intesa Sanpaolo Private Bank (Suisse), à plus forte raison avant d’intégrer Morval, était restée discrète. L’alliance avec Reyl & Cie lui permet d’avoir une masse sous gestion dépassant celle de certains acteurs historiques.
Consolidation progressive plutôt qu’abrupte
Spécialiste des dossiers bancaires chez PricewaterhouseCoopers, Marcel Tschanz ne perçoit cependant pas une activité de consolidation en forte hausse. «Ce processus avance de manière progressive, au cours des 6-7 dernières années, constate-t-il. Mais contrairement à ce qui a été anticipé il y a une décennie, la consolidation ne s’est pas faite d’un seul coup. C’est un processus organique. Peu à peu, les banques se rendent compte qu’elles ne sont pas assez fortes pour tenir toutes seules.» Chez Deloitte, l’associé et responsable du secteur Corporate Finance Jean-François Lagassé distingue deux périodes: «Entre 2010 et 2016, ce sont essentiellement les banques étrangères qui sont sorties du marché suisse en vendant leurs filiales, comme par exemple Lloyd’s, Morgan Stanley, ABN Amro ou Coutts. Depuis lors, ce sont des établissements bancaires suisses de petite et moyenne tailles qui cherchent à être adossés à un groupe qui peut leur permettre d’accélérer la croissance. Ces groupes leur apportent un réseau plus étendu, une surface financière plus importante, un accès à des produits et services qu’ils ne pourraient pas proposer seuls.»
Une petite banque de niche peut être très rentable
La vente n’est cependant pas la seule option pour les établissements de taille modeste. «Il y a même de petites banques qui sont plus rentables que leurs consœurs de taille moyenne, assure Marcel Tschanz de PwC. Cependant, la taille détermine la manière dont une banque peut offrir des activités complémentaires. Il y a dix ans, il y avait encore peu de différences entre les offres de services des petites banques privées. Aujourd’hui, ces établissements se focalisent sur des activités offrant une véritable plus-value à un marché bien ciblé.»