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La seconde vague et la résilience des Nations
Il semblerait que le virus est là pour rester. Il s’agit maintenant de s’organiser en conséquence. L’économie a vu un terme surgir de presque nulle part : « résilience ». Pourtant il était déjà connu des assurances qui l’utilisaient pour mesurer la capacité qu’ont les pays à absorber des chocs externes importants comme les catastrophes naturelles (tremblement de terre, cyclone, sécheresse) ou moins naturelles comme les coups d’état, révoltes ou pandémies.
Des vecteurs de qualité d’Infrastructures, de chaînes d’approvisionnement, de productivité mais aussi de risque politique ou de corruption, etc. sont pris en compte pour calculer un tel indice global. Swiss Re sort chaque année son indice. Publié fin août 2020, l’indicateur a cette année pu déjà tenir compte de l’effet du COVID-19 sur les nations et leur économie.
Bonne nouvelle, la Suisse sort en tête de ce classement mondial devant le Canada et la Finlande.
Il ne faut cependant pas baisser les bras, car la lutte contre cette pandémie continue. Et ce n’est pas seulement une question de vaccin mais bien de capacité d’absorber les chocs, de se réinventer et de se relancer ensuite. Il faut donc à chaque fois saisir l’opportunité pour s’améliorer encore.
Deux pistes sont à privilégier. L’une concerne les entreprises et en particulier leur « supply chain », leur « redondance » et leur gouvernance et l’autre, la formation des managers de demain.
Discutons ces deux thématiques avec des spécialistes :
D’abord avec l’entrepreneur Hugo van Buel, bien connu des lecteurs de l’AGEFI, fait travailler ses équipes avec Imperial College dans un projet de recherche pour améliorer la redondance dans les réseaux de distribution d’eau. Le principe est le couplage ou découplage de deux zones de distribution adjacentes en fonction de la demande.
C’est un problème d’optimisation mathématique pour définir la meilleure ouverture ou la mieux adaptée pour faire fonctionner une vanne dans un système complexe de distribution de l’eau par exemple, dans une grande ville. Ici on est au cœur d’une composante clé de la résilience qui est la redondance des systèmes. Internet, la téléphonie mobile, la distribution d’énergie ou de nourritures sont d’autres exemples de secteur économique déjà familiers de la redondance.
Ainsi, pour qu’une nation soit résiliente il faut que les structures et infrastructures clés soient le plus possible redondantes afin d’éviter les pannes et pénuries mais il faut également que l’ensemble soit très efficace, productif et pas trop onéreux. C’est un équilibre entre solidité et agilité. Cela devrait donner encore beaucoup d’espace aux innovations futures. On est au cœur de la force de la Suisse : "Innovation et Résilience" - Titre d’un ouvrage collectif qui vient d’être publié aux éditions Georg à Genève..
Puis avec l’enseignant Mathias Baitan qui lance la première formation dans le monde francophone en résilience à la HEG-Genève sous forme d’un diplôme DAS destinée aux cadres supérieurs souhaitant accompagner leur entreprise dans l’appréhension du risque, de l’incertitude et de la complexité des transformations actuelles. La résilience en entreprise abordée par la HEG-Genève est une thématique pluridisciplinaire, récente et en pleine construction. Souhaitons-lui plein succès. La Suisse aura de plus en plus besoin de telles compétences.
* Manufacture Thinking